En nommant ma société « Breizh Bamboo Bike », j’ai choisi de mettre l’accent sur l’aspect local.
Pour les non-bretonnants : Breizh = Bretagne en langue bretonne / Pour les non-anglophone, Bamboo Bike est un anglicisme désignant les vélos en bambou.
Dans le vie quotidienne
Nous sommes de plus en plus nombreux, aujourd’hui, à faire attention à la provenance de ce que nous achetons. En particulier pour la nourriture, le « local » fait vendre. Tout d’abord parce que nous nous sentons proche de notre territoire et des petits producteurs. Également parce que nous pensons à l’empreinte carbone que nous laissons. Celle-ci est en grande partie due au transport : le notre et celui de ce que nous achetons. En consommant des produits locaux et en se déplaçant à vélo, on réduit très fortement notre impact sur l’environnement.
Avant de démarrer le projet Breizh Bamboo Bike, j’étais déjà locavore, autant que possible. Ce projet m’a fait prendre conscience qu’il y avait d’autres aspects pour lesquelles je pouvais consommer localement : des produits, comme les vêtements, l’électroménager, l’outillage, mais aussi des services pour mon activité : hébergeur web, grossiste pour pièces de vélo, imprimerie.
Je me suis donc intéressé au Made In France, qui est une forme de consommation local, pour les produits et services non-alimentaires. J’ai alors découvert le site la fabrique hexagonale qui répertorie beaucoup d’initiatives made in France. on y parle un peu de vélos ici et là ! Ce site fut un bon point de départ pour choisir mes premiers fournisseurs made in France, mais il reste assez publicitaire, sans avis critique.
Le made in France chez Breizh Bamboo Bike
Concrètement, le fait de fabriquer le cadre de mon vélo et d’assembler les composants en France, suffit amplement à dire que mes vélos sont « made in France ».
Pour autant, je trouve cela insuffisant : Comment attendre de mes clients qu’ils fassent le choix d’un vélo « made in France », si moi-même je ne choisis pas des fabricants de composants français pour l’équiper ?
Ainsi, pour la fabrication du cadre, j’ai choisi de travailler avec du bambou local que je récolte et fait sécher moi-même. Ce choix contraignant est principalement lié au fait que personne en Bretagne (voire en France) ne fournisse de bambous locaux et secs et que je ne souhaite pas utiliser de bambou d’importation pour limiter l’empreinte carbone de mes cadres.
Pour la stratification, j’utilise de la résine biosourcée, fabriquée en France par Sicomin. J’utilise également de la fibre de lin bio et cultivée en France. Pour les pattes métalliques arrières, je les dessine moi-même en fonction des géométries de mes vélos et les fait découper à Brest par Tol’iroise.
Concernant les composants des vélos, il y a toutes les infos sur les pages Composants du vélo et Made in France en option.
Pour autant, il y a plusieurs réalités économiques qui font que tout n’est pas made in France sur mes vélos :
- Celle de mes fournisseurs : Les grands groupes comme Zefal, Stronglight ou Hutchinson ne produisent qu’une partie de leurs composants en France, pour être plus compétitif.
- La mienne : Avant de proposer sur mes vélos des composants, il faut que je les achète et pour cela, il faut que la trésorerie de l’activité le permette. J’ai choisi un modèle de « croissance lente ». C’est à dire que je n’ai pas fait appelle aux banques ou investisseurs pour lancer mon activité. Je finance donc la R&D avec mes économies et les bénéfices de l’activité, ainsi que la campagne de financement participatif de mai 2019. Je m’équipe donc progressivement et la gamme des vélos évolue au même rythme.
- Celle de mes clients : Le nombre de cadreurs français croît chaque année. Rien que sur les vélos en bambou, nous sommes au moins 5 en France. Pour un vélo en bambou « made in France », le prix varie de 1500 à 10 000€… J’ai choisi de proposer mes vélos sur la tranche basse des tarifs des artisans, pour pouvoir toucher une clientèle moins élitiste.
Cela sous-entend que je ne peux pas équiper les vélos de série avec des composants « haut-de-gamme » comme ceux que propose spécialité T&A, qui pour le coup, fabrique tous ses produits en France.
J’ai donc soigneusement sélectionné les composants ayant un bon rapport qualité-prix en privilégiant la fiabilité/robustesse plutôt que la légèreté et en éliminant complètement les composants d’entrée de gamme, trop fragiles.
Made in France = gage de qualité ?
Est-ce qu’en achetant un produit « made in France » je m’assure d’avoir un produit de qualité supérieure ?
J’aurai envie de dire oui, parce que cela va dans le sens de mon marketing ! Mais il ne faut pas confondre « made in France » et fabrication artisanale. Et ce n’est pas parce qu’on est Français ou Chinois qu’on est compétent ou non. La seule chose qui est garantie par la fabrication en France est la limitation de trajet du produit fini avant d’arriver chez vous !
La qualité d’un produit artisanal, quant à elle, dépend principalement de l’expérience de l’artisan et du soin qu’il apporte à son travail.
Dans le cas des vélos Breizh Bamboo Bike, j’ai fabriqué une dizaine de cadres pour parfaire mon process et m’assurer de la qualité de mes produits avant de commencer à les commercialiser. Aujourd’hui, moi et ma compagne roulons quotidiennement sur nos vélos en bambou depuis près de 3 ans, sans constater d’usure ou de défaillance. L’équipement de l’atelier se perfectionne régulièrement (grugeuse Baileigh TN250 de compèt’, ciseaux électrique pour découper le tissus de lin, nouveaux gabarits en préparation) et la finition des vélos s’améliore également (enduit de finition, gravure laser, nouveau vernis epoxy).
L’intérêt du made in France
Pour conclure, je dirais que le fait de consommer « made in France » permet d‘offrir du travail à des industriels et artisans français. Il permet également à l’argent que vous dépensez de rester dans une économie locale ou nationale et de financer les services publiques, grâce aux divers impôts et taxes.
Donc, sans être particulièrement chauvin ou patriote, le fait de consommer des produits fabriqués en France améliore notre niveau de vie collectif.