J’avais depuis longtemps le projet de fabriquer mon propre vélo de façon écologique !
Fin 2016, j’ai découvert que l’on pouvait fabriquer des vélos en bambou : j’ai tout de suite accroché ! Les jonctions sont faites en stratification à l’époxy, comme sur les bateaux que j’ai fabriqués plus jeune. J’avais donc déjà une partie des compétences, il ne me manquait qu’un peu de matériel.
J’ai commencé par fabriquer des cadres de vélos en bambou en kit pour moi et ma copine. Cela m’a permis de me concentrer sur les jonctions. Cependant je n’étais pas hyper satisfait par ces kits, qui manquent de précision. Alors j’ai investi dans du matériel : un gabarit en alu, une grugeuse à tube, une étuve…pour parvenir à faire des cadres de vélos de qualité, à partir de bambou brut. Je continue d’ailleurs de m’équiper dans de l’outillage plus performant pour gagner en temps et en précision !
Oui, le bambou est un matériau léger ! Tout comme l’aluminium d’ailleurs… Après il faut bien comprendre que ce n’est pas le cadre qui fait le poids du vélo !
Chez Breizh Bamboo Bike, nous choisissons de privilégier la solidité face à la légèreté. Ainsi avec un cadre entre 2 et 2,5kg, on finit avec un vélo autour de 15kg sur les modèle Breizhtois et Breizhilien. La faute aux jantes renforcés de 500g, aux pneus increvables de 1kg, à la fourche en acier de 1,2 kg, aux moyeux à vitesses intégrées de 1,6kg : Le confort et la sécurité, c’est lourd ! 😉
A l’inverse, il est assez facile de faire un fixie en bambou de moins de 9kg, pour celles et ceux que cela intéresse !
Oui c’est très solide, c’est une des fibres naturelles les plus longues et sa forme tubulaire est idéale pour en faire des échafaudages ou des cadres de vélos !
En plus de cette solidité, le bambou à la propriété d’être souple. Grâce à cela, il va pouvoir absorber une partie des vibrations. C’est ce qui rend les vélos en bambou si confortables !
Le bambou est une ressource naturelle et renouvelable qui pousse presque partout dans le monde. Il pousse tellement bien chez certains qu’il en devient envahissant ! Alors comme on n’a pas de pandas en Bretagne, il faut bien en faire quelques chose de tout ce bambou : des cadre de vélos par exemple !
Un autre aspect intéressant est que c’est un matériau qui ne se prête pas à l’industrialisation, car il n’y a pas deux bambous pareils. Donc le vélo en bambou restera un vélo artisanale, fait à la main, unique.
Et puis les vélos en bambou, c’est encore un peu nouveau, donc ça apporte une touche d’originalité et un super look ! Ne voudriez vous pas être celui ou celle dont on admire le nouveau vélo ?
Avec le vélo en bambou, on est en accord avec nos valeurs, que ce soit l’amour du beau, de l’artisanat, de l’écologie ou du made in France !
De Bretagne et d’autour de Brest principalement !
J’ai commencé par rencontrer Stéphane, du projet Bambou-Breizh. Il a racheté une petite bambouseraie à l’abandon à La-Forêt-Landerneau dont il compte prélever une partie des rhizomes et des bambous pour son projet situé à coté de Guingamp. En attendant, je prélève quelques bambous car il y a certaines variétés qui m’intéressent.
Depuis fin 2018, j’ai également fait connaissance avec Pierre, du Jardin exotique de St Renan, qui me permet également de me servir en bambou. Si vous avez l’occasion, passez visiter son jardin, c’est un bel endroit pour se promener en famille !
Il m’arrive également d’aller chez des particuliers autour de Brest qui ont des bambous à donner
Non, il n’y a pas grand-chose à breveté car je ne suis pas l’inventeur du vélo en bambou, cela existe depuis plus d’un siècle. D’ailleurs, je suis plutôt sur un modèle libre où je vends mon travail mais je partage mes idées. Je collabore avec d’autres artisans cadreur bambou, en France et à l’étranger grâce à Instagram. Ainsi chacun progresse et la qualité des vélos en bambou augmente !
J’ai fabriqué mon premier vélo en décembre 2016. Je m’étais offert un kit Bamboobee pour noel, il s’agit d’un cadre en bambou prédécoupé fourni avec un gabarit en « bois ». Il faut assembler le gabarit, y installer les tubes et coller puis stratifier le tout. C’était un bon moment, mais j’ai trouvé le gabarit très imprécis et le process très chronophage, j’ai donc décidé de refaire d’autres vélos, toujours pour moi (et ma copine) en améliorant le process et l’outillage.
Arrivé au quatrième vélo, je me suis dit que j’allais quitter mon emploi pour me lancer dans les vélos en bambou à temps plein. A l’époque, je vendais des vélos à assistance électrique, chez Velozen.
La première étape concerne uniquement le bambou : il faut le récolter en hiver, puis le faire tremper dans de l’eau pour drainer la sève et enfin le stocker dans un endroit ventilé à l’abri du soleil pour le sécher.
Ensuite les tubes sont sélectionnées, en fonction de leur diamètre et de l’épaisseur de la paroi. Le tube principale est le tube diagonale, il est plus gros et plus épais que les autres.
Le gabarit est ajusté en fonction des cotes du futur cadre et les quelques pièces métalliques y sont fixées. Ensuite il faut préparer les bambous : les couper, gruger, protéger le milieu et poncer les bouts. On peut alors les coller aux tubes métalliques sur le gabarit.
Ensuite, mon process inclus des joints congés importants à chaque jonction puis une stratification à la fibre de lin tissée. Pour une finition enduite, il faut encore poncer la stratification, réaliser l’enduit de finition et poncer l’enduit de finition. Il ne reste plus qu’à enlever toutes les protections pour pouvoir vernir le cadre.
Et après, c’est comme pour monter un vélo ordinaire, on installe tous les périphériques et ça roule !
Oui, aux jonctions avec les autres pièces de vélos, pour que le cadre soit compatibles avec des pièces industriels. La douille de direction, l’insert de selle et le boîtier de pédalier sont en aluminium, ils viennent pour l’instant de chez Calfee. Pour les pattes de la roue arrière, je les fais usiner selon mes designs chez Tol’iroise, à Brest. Elles sont en aciers inoxydable.
Difficile d’être précis sur ce point là, cela dépend de ce que l’on compte ! La récolte et le séchage des bambous me demande une vingtaine d’heure par an, pour une dizaine de cadres.
On peut également compter le temps de conception des pattes métalliques et des géométries de série, mais c’est plus difficile à évaluer.
Ensuite pour un cadre sur mesure, il faut réaliser une étude posturale, c’est à dire prendre les mesures du client. J’utilise, depuis 2021, le logiciel Bikecad pour convertir la morphologie en posture à vélo, puis en géométrie de cadre.
A partir du moment où j’ai les dimensions et les bambous secs, il faut entre 30 et 40h pour fabriquer le cadre.
Ensuite il faut encore entre 10 et 15h pour sélectionner et commander les composants, éventuellement rayonner les roues et assembler le vélo.